Des patients en phase de reconversion

LibérationPublié dans le Libération des Solutions, décembre 2011

Depuis octobre, l’association parisienne Cap’cités travaille à la réinsertion professionnelle de personnes atteintes de troubles psychiques.

Au fond de la petite cour, l’entrée est de  plain-pied et donne sur un « open space » lumineux : à droite, une grande cuisine américaine «là où tout se passe», à gauche, des espaces de travail avec bureaux et ordinateurs plus loin, une salle de réunion qui fait aussi office de salle à manger. Collé au Comptoir Général, Quai de Jemmapes à Paris, Cap’cités a ouvert ses portes en octobre dernier pour accueillir des personnes atteintes de troubles psychiques sans les considérer comme des patients mais comme des membres actifs de leur projet de réinsertion.
Thomas et Timothée, deux jeunes membres, passent, les bras chargés de provisions et s’installent aux fourneaux. Jean-Jacques Margerie se présente : il est membre et secrétaire général de Cap’cités. Spontanément, il explique : «Nous nous sommes inspirés du modèle des Clubhouse américains qui existent depuis 1948. Dire que nous sommes le premier en France, alors qu’il y en a 350 dans le monde ! »

Dans l’hexagone, le projet s’est heurté à des craintes. Il a d’abord fallu trouver un lieu et faire accepter aux voisins le fait de vivre à proximité de personnes schizophrènes, maniaco-dépressives ou souffrant de troubles bipolaires. Qui plus est, en l’absence de soignants. Mais Céline Aimetti, déléguée générale de l’association et Maëlle Le Flour, chargée de mission vie sociale n’ont pas baissé les bras : « Les gens nous disaient, c’est formidable ce que vous faîtes ! Mais juste après on comprenait qu’ils ne nous voulaient pas comme voisins.»

Malgré la reconnaissance du handicap psychique par la loi de 2005, les malades psychiatriques continuent de faire peur. «La grande exclusion aujourd’hui est une exclusion cérébrale.» explique Philippe Charrier, Président de Cap’ cités. Pour les membres qui ont parfois du mal à sortir de chez eux ou pour lesquels prendre le métro semble certains jours insurmontable, faire vivre le Clubhouse fait partie intégrante du processus de rétablissement. Ils en ont rédigé le règlement, participent à sa gestion, tiennent le planning.L’association a ainsi passé des partenariats avec des sociétés et des Fondations pour que ses membres puissent accéder à des formations et à l’emploi.

Alison, 47 ans, est partie à New-York avec Maelle Le Flour et Céline Aimetti en juin dernier sur invitation du réseau international des Clubhouse. L’occasion de s’immerger trois semaines au sein de la maison mère «  Fountain House », de s’inspirer de son fonctionnement et de rencontrer d’autres membres. Depuis que le Clubhouse de Paris est actif, elle s’occupe de l’accueil et des questions administratives. «Ici nous sommes des personnes à part entière et pas seulement des patients. On regarde ce qu’il y a de positif en nous. Ce qu’on nous propose, c’est un projet de vie», lance t-elle avant d’aller se griller une petite cigarette dans la cour. « Les médicaments cela ne suffit pas.»

Le Dr Christian Gay psychiatre, membre du conseil d’orientation stratégique de l’association est bien du même avis : « «Le Clubhouse constitue un chaînon manquant entre le suivi médical et une vie autonome, avec la reprise progressive d’une activité.  Il répond à certaines de nos attentes : rompre l’isolement, redonner confiance, retrouver de l’amitié, un statut social. Le Clubhouse redonne ses chances à une personne».

Flore de Borde

Repères :

450 millions souffrent actuellement de ces pathologies, ce qui place les troubles mentaux dans les causes principales de morbidité et d’incapacité à l’échelle mondiale. Source : aide mémoire, troubles mentaux et du comportement.

L’Unafam est une association reconnue d’utilité publique qui accueille, soutient, et informe les familles confrontées aux troubles psychiques d’un des leurs. L’Unafam met disposition un service d’écoute téléphonique au 01 42 63 03 03.

«Les résultats des 350 clubhouse existants sont très encourageants : diminution du nombre de suicides, réduction des hospitalisations.»
Docteur Christian Gay

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