Article publié dans le Libération des Solutions, décembre 2011
«Nous faisions des maraudes depuis des années, raconte
Nicole Louvain, bénévole. Et, en discutant avec les gens
de la rue, ils nous ont exprimé le besoin d’avoir un lieu
pour poser leurs affaires.» Chaque jour, un sans-abri se déplace avec 35 à 40kg de bagages. Un vrai frein à la réinsertion sociale. «Quand on traîne son chariot, on est
stigmatisé! On se fait aussi sans cesse voler. Et puis comment voulez-vous qu’on fasse des démarches, en courant avec tout notre barda?» demande Daniel, bénéficiaire
mais aussi bénévole à la Bagagerie d’Antigel. Cogérée par des personnes avec et sans domicile, Daniel y tient la permanence deux fois par semaine: «Ici, on nous fait confiance, on peut créer des liens avec les bénévoles.» Ce
local clair et propre de 130m2, dans le XVe arrondissement de Paris, est ouvert tous les jours de l’année de 7 à9 heures et de 20 à 22 heures. La Bagagerie a une cinquantaine de casiers et aussi deux salles de douche, une
cuisine, une petite bibliothèque et même une salle informatique connectée à Internet. «Nous sortons du cercleinfernal de l’aide d’urgence, inadaptée, qui nous casseencore plus et nous rejette sans cesse à la rue.» Un peu plus qu’un point de chute, la Bagagerie est un tremplin.
Flore de Borde