Des maisons économiques et durables

Article publié dans Ouest France, le 16 janvier 2012

Grâce à la « la voûte nubienne » le programme « pour des Toits de Terre au Sahel » permet aux populations d’accéder à un logement décent. Au départ, il y a un challenge technique, explique Thomas Granier, maçon et fondateur de l’association : « J’avais vu à Beaubourg une exposition sur l’architecture de terre. Il y avait deux petites voûtes sans coffrage, en brique et en terre crue. Une technique ancestrale, utilisée en Egypte, mais tombée en désuétude : la voûte nubienne. Ma première motivation a été d’essayer d’en fabriquer une.»

Passionné d’Afrique, Thomas Granier se rend souvent au Burkina Fasso. Il se rend compte que le logement est devenu un problème pour les paysans. La croissance démographique et la déforestation ne permettent plus de construire en bois, selon la tradition. Les familles se tournent vers des maisons en toit de tôles, chères, chaudes et inadaptées, qui les enferment dans la spirale de la pauvreté. «J’ai immédiatement perçu que la voûte nubienne pouvait être une alternative. Ce sont des maisons économiques, solides, esthétiques avec de véritables qualités thermiques ». En 2000, il monte le programme « pour des Toits de terre au Sahel » avec Seri Youlou, agriculteur burkinabé : « On n’avait jamais vu des maisons comme ça. Au début, j’ai suivi Thomas sans trop savoir où on allait ».

Rendre ces habitations accessibles au plus grand nombre

Les deux hommes forment à la maçonnerie des paysans qui n’ont pas de travail pendant la saison sèche et sensibilisent les populations rurales. « Ce n’est pas évident de comprendre qu’une maison en terre et sans charpente ne s’écroule pas », précise Thomas Granier. Les deux hommes s’appuient sur des personnes clés dans les villages, pour convaincre les leurs. Eko Bié, habitante d’un village, à 50km de Boroma, a accepté de se faire construire une voûte nubienne. « La maison ne vieillit pas. Toi tu peux mourir, mais tes enfants pourront encore vivre dedans. Il faut construire d’autres maisons comme celle-là.»

Aujourd’hui l’association a construit 500 maisons, compte 120 artisans entrepreneurs, 120 maçons et 220 apprentis. « Nous faisons de l’entrepreneuriat social. La technique doit se transmettre localement. Le challenge est de rendre ces habitations accessibles au plus grand nombre. Nous visons 5% de la population sahélienne. Une fois ce seuil atteint, la technique aura un ancrage populaire suffisant pour que le programme soit autonome.» Aujourd’hui la notoriété des maçons s’est répandue au-delà des frontières du Burkina Faso. Des voutes nubiennes sont en construction dans d’autres pays d’Afrique, à Madagascar et au Mexique.

Flore de Borde

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