Article paru dans Génération en Action
Suicide Écoute tient une permanence téléphonique, ouverte sept jours sur sept et 24 heures sur 24. L’association recueille la parole des personnes en détresse pour les aider à surmonter leur mal-être et prévenir le suicide.
« Nos bénévoles sont là pour écouter les gens. Ils ne portent aucun jugement moral sur le suicide. Et nous ne sommes pas un numéro d’urgence. Les gens qui nous appellent ne sont généralement pas dans le passage à l’acte. Ils nous disent que ce qu’ils vivent n’est plus supportable. La seule solution qui se dessine à eux est le suicide. Nous les écoutons parce que souvent, ils n’ont plus personne à qui parler» explique d’emblée Isabelle Chaumeil Gueguen, présidente de Suicide Écoute.
Les personnes qui appellent souffrent d’être seules
En France, le suicide fait deux fois plus de morts que les accidents de la route. Et même si les chiffres sont en baisse, plus de 10 000 personnes mettent fin à leurs jours, chaque année. Cela représente un suicide toutes les 50 minutes.
C’est pour répondre à ce problème de société que l’association est créée, en 1994. Son action bénévole est entièrement axée sur la prévention du suicide, avec un numéro d’écoute national : le 01 45 39 40 00. Au bout du téléphone, à tout moment, et dans un complet anonymat, il y a une voix à laquelle se confier.
« Les personnes qui nous appellent souffrent de solitude. Cela touche tous les milieux sociaux, tous les âges mais avec une dominante très nette sur la tranche active : les 25-65 ans. Nous avons beaucoup de femmes seules qui ont une lourde histoire personnelle marquée par des ruptures. La majorité des appels vient aussi de personnes qui souffrent de pathologies psychiatriques. Ils viennent trouver un « espace d’écoute » supplémentaire, différent de leur aide médicale», précise Isabelle Chaumeil Gueguen.
Une formation à l’écoute très encadrée
À la permanence,le téléphone n’arrête pas de sonner. Suicide Écoute fonctionne avec près de 50 bénévoles, un médecin psychiatre et un psychanalyste clinicien. Le recrutement et le suivi des bénévoles sont strictement encadrés. Il faut recevoir une solide formation à l’écoute et être suivi par le médecin psychiatre. Passée la phase de tests, les bénévoles sont alors prêts à s’investir, pour 4 permanences de 4 heures par mois, dont 1 de nuit.
Nathalie, 46 ans, sophrologue et hypno thérapeute revient sur les raisons de son engagement: « J’ai une formation en psychologie et je travaille sur l’empathie. J’ai trouvé l’équipe de Suicide Écoute très professionnelle. Cela m’a décidé. J’écoute des gens qui n’ont plus personne à qui parler, je les laisse s’exprimer. Je ne leur donne pas de conseils. Je laisse toujours à l’autre la possibilité d’être acteur de sa vie.»
La responsabilité sociale de l’association ne se résume pas à écouter. Elle veut aussi informer. Suicide Écoute anime des conférences auprès des jeunes, dans les établissements scolaires, les écoles d’infirmières, ainsi qu’auprès d’institutions publiques. Ainsi, avec le soutien de la Caisse Primaire d’Assurance maladie d’Ile de France, l’association a réalisé une plaquette d’information pour prolonger sa mission de prévention du suicide.
Flore de Borde