Article publié sur le site de la Fondation Vinci pour la Cité
Créée en novembre 2006, l’association Passerelles Numériques permet à de jeunes cambodgiens issus des classes les plus pauvres du pays de suivre une formation supérieure en informatique.
« Notre objectif est de donner une formation qui débouche sur un emploi » explique Virginie Legrand, fondatrice de l’association. Avec à la clé, l’opportunité de travailler dans le secteur porteur de l’informatique et une chance inespérée pour ces jeunes de devenir les acteurs du développement de leur pays.
Former à un vrai métier
Cette belle histoire commence en 2004 en France. A l’époque directrice marketing chez American Express, Virginie Legrand décide, à 34 ans, de prendre une année sabbatique au Cambodge auprès de l’association les « Enfants du Mékong » : « J’ai pris conscience que les jeunes bacheliers retournaient dans les rizières ou sur les décharges d’ordures par manque de débouchés. L’idée d’une école d’informatique post-Bac à Phnom Penh est née ainsi.» Avec l’aide de deux ingénieurs de l’École Polytechnique et de Télécom Paris, Alain Goyé et Hakara Tea, l’association Passerelles Numériques est lancée. Aujourd’hui, le centre de formation dispense des études qualifiantes, sur deux ans en moyenne, et forme 250 jeunes par an.
Le centre de formation organise des réunions d’information dés les classes de Terminale et la sélection s’étale sur six mois. « 80% de nos étudiants viennent de province. Les candidats passent un test, ensuite un entretien de motivation. À la fin, nous réalisons une enquête sociale sur les conditions de vie des familles. Nous ne prenons que les plus pauvres, souligne Alain Goyé. Nous formons des administrateurs systèmes et réseaux, des programmateurs web. Nous essayons aussi de transmettre des valeurs, comme la confiance, la solidarité, la responsabilité. Et du « savoir-être » en entreprise.»
Un partenariat inédit
En 2010, l’association contacte la SCA (Société Concessionnaire des Aéroports qui gère les aéroports du Cambodge, filiale de VINCI Concessions), l’un des plus gros employeurs du pays. Nicolas Deviller, directeur général de la SCA à Phnom Penh, est tout de suite séduit par le projet et le parraine. La Fondation VINCI attribue une subvention pour l’achat de matériel et la SCA passe un partenariat portant sur le contenu de la formation des étudiants. « Nous discutons avec les formateurs et nous leur faisons part des profils que nous recherchons. Nous pouvons ainsi recruter et embaucher des jeunes formés à nos besoins et aussi nous insérer dans la communauté économique du pays » précise Nicolas Deviller.
Pech Pratna, 22 ans, est étudiant en deuxième année. Son histoire est emblématique. « J’ai grandi dans un orphelinat. Mes parents sont morts quand j’étais enfant. Mon père était soldat et ma mère vendeuse de poisson. C’est le directeur de mon lycée qui m’a parlé de l’école Passerelles Numériques. Ce fut une vraie chance pour moi, je n’avais aucun moyen financier. J’ai appris un métier ». Pech fait actuellement son stage en alternance à l’aéroport de Phnom Penh, où il rêve d’être embauché.
« Grâce à la SCA, Passerelles Numériques sort de la philanthropie. Nous faisons de la formation professionnelle », précise Virginie Legrand. De son côté, Nicolas Deviller souligne l’intérêt de ce parrainage « Embaucher des jeunes compétents est un bien vraiment précieux ». Et une étape fondamentale pour qu’à terme, le projet soit porté par les Cambodgiens eux-mêmes.
Flore de Borde