Donner de la voix pour rendre les livres accessibles

Donneuse de voix

Donneuse de voix

Article publié sur Génération en Action

La Bibliothèque Sonore d’Évreux, en Normandie, existe depuis 1983. Elle appartient à un réseau de 120 bibliothèques sonores rattaché à l’Association des Donneurs de Voix. 15 000 personnes mal voyantes ou devenues aveugles peuvent ainsi continuer à « lire » en écoutant les enregistrements des bénévoles.

« A Évreux, nous avons 18 donneurs de voix » explique Joseph Pyetrika, président de la bibliothèque sonore. « Ils réalisent leurs enregistrements à la maison, à leur rythme, grâce à un logiciel spécial qui leur permet de se corriger. Ils nous rapportent leurs CD ou leurs clés USB. Il y une Commission Qualité qui vérifie la lecture. En général, les « donneurs de voix » sont des enseignants ou des professeurs de lettres à la retraite. Et ce qu’ils font n’est pas évident du tout. Lorsqu’on lit, il faut avoir la phrase entière dans les yeux. Une phrase, il faut la comprendre des yeux d’abord. »

Lire à voix haute et à cœur joie

Enseignante à la retraite, Danielle Schmitt a souhaité s’investir dans le bénévolat. Elle est « donneuse de voix » pour la bibliothèque sonore d’Evreux.« J’ai lu 190 livres en sept ans. Je lis avec mon cœur et mes tripes. C’est un acte créatif ! Quand c’est drôle, il y a du rire dans ma voix. Quand c’est triste, j’ai les larmes aux yeux et cela s’entend aussi. Quand il y a un mystère, j’entretiens le mystère. Je ne lis pas avec recul. Je suis dedans ! ».

Le catalogue de la Bibliothèque sonore d’Évreux regroupe aujourd’hui  près de 4800 titres, de genres très variés. Le service des prêts est entièrement gratuit y compris l’acheminement des livres sonores par la Poste. En 2010, la Bibliothèque a enregistré 7550 prêts. Elle compte 300 audio lecteurs inscrits. Des jeunes atteints de dégénérescence de la rétine croisent des séniors qui commencent à perdre la vue. Viennent s’inscrire également, des personnes rendues aveugles, suite à un accident et qui n’ont pas appris à lire en braille.

C’est le cas de Valérie Beignet, lycéenne, qui prépare son Bac de français. «Depuis la 4ème, je ne peux plus lire les petits caractères. J’emprunte tous les livres de mon programme du Bac à l’association. En ce moment, je suis en train d’écouter Madame Bovary de Gustave Flaubert. Si je n’avais pas ces livres sonores, cela serait vraiment très compliqué pour moi de travailler et de réviser».

L’avenir passe par le téléchargement

La nouvelle génération des audio lecteurs, très branchée web 2.0, incite la bibliothèque sonore à évoluer sans cesse et à se moderniser. « Avec l’ensemble du Réseau des 120 bibliothèques, nous disposons de 350.000 ouvrages. Grâce à l’ADSL, l’avenir, c’est le téléchargement direct. Avant, chaque bibliothèque avait son petit catalogue. Bientôt, quand il existera un enregistrement chez nous, des audio lecteurs de Marseille pourront le télécharger et vice-versa» s’enthousiasme Joseph Pietryka.

En France la déficience visuelle touche près de 2 millions de personnes. Danielle Schmitt sait pourquoi elle a choisi de s’investir dans l’action associative : « Je suis heureuse de rendre des gens heureux. Je permets à ces personnes, qui sont enfermées dans la nuit, de voyager. »

Flore de Borde

Ce contenu a été publié dans Culture, Presse, Solidarités, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>